SALOME
Bonjour à tous !
Hier, on a parlé gosiers, aujourd’hui on cause opéra. J’avais demandé qu’on m’aiguille sur une œuvre à traiter, parce que ça foisonnait tellement côté circonvolutions cérébrales que j’arrivais pas à sortir un nom du chapeau. Larchange, j’oublie pas Médée (mais faut que je remette la main sur ce satané livret (une victime d’un rangement sauvage, certainement) sinon, vous vous contenterez du synopsis (faites-moi confiance, je réussirai à « l’épaissir » quand même). Là, c’est du côté de Briesing que je me tourne étant donné qu’elle a lancé l’idée. On va parler histoire biblique et chanter allemand puisqu’il s’agit d’une œuvre de Richard Strauss, 1864-1949 (pas le valseur, lui c’est Johann – entre autre, parce qu’il y en a d’autres de la famille viennoise à composer de la valse à trois temps). Il s’agit de :
SALOME (ou les tribulation d’une aventurier chez les réducteurs de têtes… c’est pas ça ?) Opéra en un acte donc on va traiter par scènes cette fois. Donc :
Le lieu : pour la première scène : le palais d’Hérode à Tibériade (Galilée) pour la révision prenez vos missels et cherchez, mais c’est au moins trente berges avant l’arrivée de Jésus. Une terrasse coquettement aménagée, genre jardins suspendus de Babylone, rocking-chairs, transats, bar, barbecue etc… Terrasse donnant sur la salle à manger (ça festoie rude d’ailleurs) et à gauche, une vieille citerne ceinte d’un mur de bronze vert (la chaleur que ça doit dégager le truc en pleine cagna !)
Les personnages : Alors là, accrochez vous parce qu’ils ont des noms à coucher dehors avec un billet de logement : Narraboth, le capitaine de la garde, un page (rôle travesti puisque alto), des soldats (normal puisqu’il y a un chef… vaut mieux que la troupe suive), Jokanaan, prophète à ses heures, mais coincé dans la citerne pour l’instant, Salomé ta p’tite laine (je sais toujours facile, celle-là !), belle-fille d’Hérode, des représentants du peuple juif, égyptien et romain comme invités au méchoui.
Au lever du rideau, le capitaine Narraboth tape la causette avec le page. Il lui parle de Salomé et l’autre lui répond…. Lune ! Faut pas chercher où il est bourré, ou la princesse le laisse de marbre. Les soldats sont dérangés dans leur sieste par des meuglements venant de la salle à manger. Il y en a même un qui lance que c’est normal, c’est des juifs et c’est comme ça qu’ils discutent religion, à grands coups de gueule. (à mon avis, y a pas que chez eux, mais enfin…). Narraboth est à cent miles de là, complètement béatisé (et pas béatifié ni baptisé d’ailleurs) par Salomé. Il lui trouve une petite mine style « reflet d’une rose blanche dans un miroir d’argent » (sic) c’est dire qu’elle doit être pâlichonne la minette.
On entend la voix de Jokanaan sortir de son gros tonneau :
« Vous faites pas de bile ! Après moi… pas le déluge, mais l’autre va se pointer et rendre la vue aux aveugles et l’ouïe aux sourds (ou l’inverse…pourquoi pas) – on sait de qui il cause… de J.C évidemment ! »
Les soldats discutaillent, l’un trouve qu’il le saoule, l’autre qu’il est bien gentil et surtout poli, l’autre que de venir du désert, ça n’arrange pas la tête etc.… Mais en tout cas, tout ce ramdam a dérangé Salomé ou plutôt ça lui a donné une excuse pour sortir de cette foire d’empoigne qu’est devenue la salle du festin :
« Plein le dos des ces soirées de oufs ! Entre les Juifs de Jérusalem qui se traitent de tous les noms de piafs à cause de leurs salamalecs, des Egyptiens qu’ont voit qu’de profil et de ces gros bœufs de Romain, sans compter beau-papa qui me regarde zarbi, on est mieux à prendre une bonne goulée d’oxygène à la fraîche ! »
Le page regarde Narraboth qui regarde Salomé qui elle regarde… la lune (tiens retour au début de l’opéra) il sent bien que chez le capitaine, c’est pas simplement pour admirer la fille et que ça présage de sacrés ennuis (medium le gamin ?)
Au même moment, Jokanaan, le prophète « enbidonné » recommence à délirer :
« Jésus revient, Jésus revient (ça c’est « La vie est un long fleuve tranquille »)
- C’est qui l’énergumène qui goualle autant ? – demande-t-elle
- Le « prophète » qui fiche les jetons à ton beau-père.
- C’est lui qu’insulte ma mère ?
- Faudrait p’t’être rentrer là, parce qu’il commence à faire frisquet et pôpa vous demande
- Vu le ton (ténor) il a pas l’air vioque l’illuminé… j’aimerai bien faire causette et voire à quoi il ressemble. Et d’abord y a pas à tortiller, sortez-moi ce gugusse de sa cuve ! Eh Narraboth, j’suis toujours sympa avec toi… tu peux pas déverrouiller le couvercle ? Pour ta peine demain, j’te filerai une fleur (véridique ! Le mec il lui en faut vraiment peu !) »
Et cet abruti complètement décérébré par l’amour obéit, évidemment (vaut mieux de toute façon pour la suite de l’histoire) « j’veux causer au bougre d’âne qui m’a fiché dans ce trou ! J’ai à lui filer un message de la haute administration : fais le malin tant que tu peux, mais tu va crever la goule ouverte devant toute l’assistance un de ces quatre ! Et Alors là : coup de théâtre complètement imprévu (d’où son nom, logique) le capitaine Narraboth pète un câble de voire la fille pour qui il en pince draguer honteusement le prophète et se fait seppuku avec son opinel. (Psychologiquement fragiles ces soldats quand même) La fille complètement hypnotisée par le prédicateur piétine allègrement le gisant, sans même s’en rendre compte et radote jusqu’à la fin de la scène qu’elle l’aura un jour… elle l’aura son bisou alors que Jokanaan drapé dans sa dignité redescend de lui-même dans la citerne en l’injuriant copieusement. Fin de la scène trois et on continuera plus tard d’accord ? Je trouve qu’ils tombent bien vite amoureux ces antiques pas vous ? On verra comment ça évolue… mais sans avoir recours aux écritures saintes… je crois pas que ça va finir comme le Barbier de Séville (mal parti pour en tout cas). Bonne journée et à bientôt donc. La dragonne
Diogene-Jokanaan sort de son fût (un peu en boule, à force d’épouser la forme du truc) :
- Purée, c’est qu’il fiche les jetons le bestiau ! – lance Salomé impressionnée – vous avez vu ses mirettes ? On dirait des lasers ! Et maigre à passer entre le mur et la tapisserie sans la décoller !
- Qui t’es toi ? – lui demande Jokanaan qui l’a aperçue du coin de l’œil ? Fiche moi tranquille !
- La fille de celle que tu veux habiller pour l’hiver !
- T’approche pas ! Tu vas me filer tes microbes !
- Continue à causer mon mignon… tu sais qu’tu me plais toi ? J’peux toucher ? (elle lui dit carrément dans l’opéra qu’elle aime son corps)
- Me touche pas ou je crie ! - (un peu inversée la situation, vous trouvez pas ?) Ne me cause même pas !
- Réflexion faite… c’est pas ton corps c’est tes cheveux que j’aime bien t’utilise quoi comme après-shampoing ? J’peux tâter le soyeux de la tignasse ?
- Pour défaire les dreadlocks que j’ai mis quatre plombes à travailler ! Même pas en rêve !
- De toute façon, ils sont moches tes tifs ! - (girouette la gamine tout de même) – j’préfère ta bouche… p’tit bisou ?"