Samsonnette chez Dalila
Bonjour vous !
Alors, il paraîtrait que ça a encore « flotté » sur OB hier ? (Je sais, Simone, t’aime pas, mais je ne parle pas de la marque de tampons hygiéniques, rassure-toi) Je n’ai guère eu l’occasion de le remarquer, coincée comme j’étais pour une « restructuration complète » de ma capillarité crânienne, la masse qui m’empêche d’avoir froid l’hiver à ma petite tête, le truc, qu’en principe, on peut modifier à son gré (je dis bien : en principe). Là, y avait urgence ! A part quelques racines de temps en temps, pour éviter de ressembler à Pépé le putois, j’évite ce genre de salons comme la vallée du destin dans le Seigneur des Anneaux.
Un endroit fréquenté par des créatures aussi imprévisibles que le peuple elfique et aussi dangereux. (l’arc est remplacé ici par un truc avec des dents plus ou moins longues ou plus ou moins écartées et un instrument bi lames, au cliquetis éprouvant pour ma sérénité). L’endroit, où l’on tend soit même le cou au bourreau, qui non content de vous occire le crin, vous saoule de paroles jusqu’au coma (je crois que les coiffeurs ont voulu tester une autre sorte d’anesthésique, étant donné que l’autre, le vrai, est réservé à la profession médicale).
Donc rendez-vous pris depuis la fin de semaine dernière, je me devais d’y traîner (oui traîner ! Quand vous êtes confortablement installée chez vous avec un bon bouquin et une petite musique de jour bien sympa, vous sautez de joie dans vos pompes pour bouger votre couenne ?) J’arrive donc à bon port (l’avantage c’est que ma torture pédestre ne dure pas longtemps, le salon est au bout de la rue) et entre dans ce temple dédié à Dalila (en plus, notre capillicultrice a sa période orientale : voilages cramoisis, pendeloques inutiles mais bien zoulies, brûle-parfums, manque plus que la danseuse de belly dance et les loukhoums)
Première remarque : tiens y a pas la radio !(la majeur partie du temps ces dames et messieurs meublent leur ambiance sonore laborieuse avec une radio top-50 à la mode ou un truc bien people. Deuxième constatation : il y a deux « trucs » non humains qui me tournicotent autour ! Un, pas trop dépaysant, puisque c’est la version grand modèle du petit truc dont j’ai hérité à la mort de ma mère, mais alors… choucrouté à mort que c’en est une raison pour porter plainte pour mauvais traitement animalier
Et l’autre… chose, un rat haut sur pattes (qui tremblotent en plus) avec des yeux de poisson chinois… je regrette pour ceux qui aiment ces bestioles, mais côté aspect générale, on hésite entre éclater de rire et prendre une photo pour le dossier conséquent contre les manipulations génétiques sauvages. J’ai devant les yeux un organisme génétiquement modifié des plus curieux (et des plus…moche) Après ces présentations occulaires et olfactives, les deux .. chiens (puisqu’il faut les nommer comme ça) retournent derrière le comptoir dans leur coucouche panier et se font oublier jusqu’à la fin de mon calvaire.
Un petit bonjour à la ronde (vite faite la ronde on est quatre en tout et pour tout, les deux coiffeuses comprises), l’employée Sharon Stonée à mort côté chef (enfin d’après ce qu’elle m’a dit..) me demande ce que je peux. Un croissant un p’tit noir et l’addition ! Nan mais… à son avis, je passais juste pour faire la bise aux meubles ? Je prend une grosse touffe du foin qui me sert de coiffure pour lui signaler par l’image l’étendue du désastre. Pour en avoir une idée, sur les photos de Turquie… d’accord faut une loupe, mais là, c’était encore dans la norme ! Depuis et bin ça a poussé le chiendent, jusqu’aux épaules et surtout en épaisseur (Donna Summer blanche quoi). Comme j’ai une crinière de lion de l’Atlas (couleur comprise), ça va pas être du beurre mou ! Je lui signale que j’en ai marre de ma couleur poil de carotte (un fagot de plus et je crame, comme on dit chez moi) et que j’aimerai bien changer… peut-être un truc plus… blond (bin oui, j’assume, j’suis quand même à la base châtain très clair, alors…) Et le côté sorcière du nord, d’accord Halloween arrive, mais j’en ai un peu raz la chocolatière.
« Mais vous n’avez pas une tête à être blonde ! »
Gentil ça comme compliment mais où qu’elle a vu jouer ça dans son sachet de thé ? Et bin paraîtrait que c’est une question de carnation ! Comme quoi, j’aurai appris quelque chose ! Donc… moi, toujours pas exigeante (du moment qu’on me rende une figure à peu près humaine) me tourne vers son œil professionnel.
« Qu’est-ce que vous pouvez faire docteur ?
- Un « chocolat » - (tiens j’avais demandé un kawa) - ça vous irait bien… (oui, surtout que ça gargouille un peu, j’ai pô pris le temps de boulotter grand-chose avant de venir) et pour éclairer (mais je suis lumineuse de nature ma biche !) quelques mèches. On finira par une coupe pour « alléger » tout ça » (tu sais ce qu’il te dit le « tout ça » ?)
Là, je sens le chantier du siècle et que ça va me tenir la jambe une bonne partie de l’après-midi, mais je fais contre mauvaise fortune bon cœur et m’installe sur son siège tournicotant, face à une glace ou je peux faire toutes mes grimaces préférées pour voire si j’ai pas perdu la main (bin oui, je teste toujours la mobilité de ma goule…depuis gamine) ça décontenance un peu la fille qui ne sait pas si elle doit rire ou appeler les hommes en blancs, mais elle se reprend en bonne professionnelle et s’arme du pot de mixture assez nauséabonde et du pinceau pour beurdoirer le tout. L’opération finit je lui rend justice, je ressemble vraiment à un œuf de Pâques en cours de séchage ! (par contre, côté odeur, c’est pas vraiment le cacao que ça refoule) et me v’la partie pour un « temps de pause » (ils en sont encore au flash à magnésium, parce que leur pause c’est pas : « attention… souriez, clic ! » c’est : « Un p’tit peu de lecture pour patienter ? » Celle-là, je l’attendais ! J’ai fait le tour de la pile du coin de l’œil et il y a tout ce qui me sort par les yeux, « Belle et conne », « J’ai galéré pour être blonde, mais j’y suis arrivée », « Mes poignées d’amour jurent avec ma culotte de cheval ».. etc… donc je refuse poliment préférant regarder à travers la grande baie vitrée les passants occasionnels.
La première phase terminée, on passe au bac de rinçage ! Là, pas de problème, ça délasse et ça réconforte surtout d’être débarrassée de cet emplâtre peu ragoûtant.
On aborde la seconde : les mèches ! Alors là, j’innovais (j’ai jamais fait ce genre de truc, alors j’innovais vraiment). Sharon Stone me refait le coup du p’tit pot mais avec une variante (et de taille !) Elle prend une petite mèche par-ci par-là, et après l’avoir tartinée de son beurre de cacahuètes, entourlipouille le tout dans… du papier d’alu. Et ça dure pas mal de temps (puisqu’elle a décidé de « bien m’éclairer », comme elle dit) au final, la glace me renvoie l’image d’une papillote humaine avant son passage au four. J’éclate de rire ! La fille lève un sourcil (je sens l’interrogation dans cette mimique) et je lui répond que ça me rappelle le film « Signes » de Shiamalan, quand les gamins et leur oncle se retrouvent « casqués » d’aluminium, pour éviter les ondes extra-terrestres. Je lui assure qu’avec un peu de concentration, entre mes plombages et ça, je serai presque capable de recevoir la radio.
On re-pause et je re-refuse de lire quoique ce soit le temps que ça prennent la mixture. On déballe les tifs et on re-rince (je vous avais dit : il n’y a pas plus rasoir – normal - qu’une séance chez la merlane… merlande… marlasse… merlienne .. enfin, le merlan femelle quoi).
Et enfin, l’apothéose, le débroussaillage ! Et que ça cliquette et que ça tournicote dans tous les sens (on dirait Edwardine aux mains d’argent) les mèches volent dans toutes les directions avant de tomber par terre (c’est l’automne). J’lui ai fait quelque chose à c’te brave fille ? Parce que j’ai vraiment l’impression qu’elle se venge sur moi (si ça se trouve on va m’appeler la bonzette quand je vais ressortir). Mais un coup d’œil à la glace me prouve que mes tifs ont survécu à cette Attila en jupon (elle n’a même pas touché la longueur)
Là, je dois reconnaître qu’elle a fait fort ! Elle a taillé dans la masse avec une telle vigueur, le tas de cheveux en est la preuve, que je reste baba sur le fait, que ma tignasse est moins volumineuse, mais est toujours aussi longue.
Je vous épargne la séance séchage et brushing (étant donné que je n’ai voulu ni l’un, ni l’autre et suis retournée chez moi la tête mouillée, j’pouvais plus tenir une minute de plus assise moi !) Au bout du compte, un après-midi de fichu ! (deux heures et demi presque, c’est pas mal non ?) Mais une testouille un peu plus présentable (ça je lui en sais gré).
L’avantage de ce genre de « gros travaux » c’est que je suis repartie pour au moins deux ans avant d’y resonger (elles ont dû le sentir parce que j’ai « casqué » c’est la cas de le dire : soixante dix Euros quand même, alors qu’on devrait nous payer parce qu’on nous enlève quelque chose, pas logique)
Je suis donc d’attaque pour voire mes frangins sur Paris, sans les faire fuir avec mon look destroy ! D’ailleurs à ce sujet, demain un petit coucou, peut-être mais hâtif, il faudra faire quelques paquets et je me sauve et ce, jusqu’à dimanche soir… donc, prévoyez autre chose… ou alors ça sera une bonne excuse pour relire des trucs qui vous auraient échappé…
Bonne journée et compassion à toutes celles et ceux qui envisagent dans les jours prochains de passer chez les Edward ou Edwardine de leur quartier…
La dragonne
PS: si vous voulez avoir un aperçu de ce que j'ai dû subir... allez là!
http://conseilschiens.free.fr/toilette/aisselles.html